Les services écosystémiques ?

Les services écosystémiques, ce sont essentiellement des avantages que nous retirons de la nature en tant que société. L’approvisionnement en bois, par exemple, est un service que nous rend la forêt. La filtration de l’eau est un service que nous rendent les plantes, surtout en milieu humide.

On regroupe les différents services écosystémiques en quatre catégories:

  • Approvisionnement

(matériaux, aliments, eau potable, etc.)

  • Régulation

(filtration des polluants, régulation du climat, etc.)

  • Support

(formation du sol, habitat pour les animaux, etc.)

  • Culturalité

(beauté des paysages, loisirs, patrimoine, etc.)

Évaluer la valeur des services

Pour évaluer la valeur des services liés à l’eau que rendent les milieux naturel de ses bassins versants, Abrinord s’est associé à la firme Habitat. À travers une caractérisation géomatique du territoire d’Abrinord, l’équipe d’Habitat a pu évaluer la contribution des différents milieux à certains services écosystémiques, pour finalement déterminer la valeur économique de certains de ces services.

Service évalué Explication Échelle d’analyse Valeur biophysique Valeur totale du service
Stockage de carbone Quantité de carbone déjà présente dans les tissus des végétaux depuis des années Zone de gestion 35 095 079 tC 6,7 G$
Séquestration de carbone Quantité de dioxyde de carbone annuellement captée par les végétaux et transformée en tissus vivants Zone de gestion 164 236 tC/an  31,7 M$/an
Rétention des sédiments Quantité de sédiments retenus par les milieux naturels et non exportés aux lacs et aux cours d’eau Bassin versant de la rivière du Nord 3 214 552 tonnes/an Entre 4,6 et 94,8 M$/an
Rétention d’azote Quantité d’azote retenue par les milieux naturels et non exportés aux lacs et aux cours d’eau Bassin versant de la rivière du Nord 1885 tonnes/an Entre 7,8 et 21,8 M$/an
Rétention de phosphore Quantité de phosphore retenue par les milieux naturels et non exportés aux lacs et aux cours d’eau Bassin versant de la rivière du Nord 7,684 tonnes/an 1,1 M$/an
Habitat pour la biodiversité Capacité des écosystèmes à fournir un habitat propice aux espèces tant animales que végétales Zone de gestion Non disponible 412 M$
Esthétisme des paysages Valeur culturelle attribuée aux milieux naturels qui participent au bien-être des individus Zone de gestion Non disponible 14 M$/an
Approvisionnement en eau Quantité totale d’eau reçue qui transite dans le bassin versant   Bassin versant de la rivière du Nord 1056 mm/pixel Non disponible

*tC = tonnes de carbone

Des recommandations pour l’aménagement du territoire

En offrant un nouveau regard sur les milieux naturels du territoire et en s’attardant aux services qu’ils rendent à notre société, cette étude a également permis de dégager certains constats et, à la lumière de ceux-ci, d’émettre des recommandations pour un aménagement durable du territoire :

Constats à l’origine de cette recommandation:

  • Il y a davantage de précipitations dans la section nord du territoire 
  • L’imperméabilisation des territoires (routes, habitation), notamment dans les pentes fortes, aux abords des cours d’eau ou dans les secteurs reconnus pour être sujets à l’érosion, augmente les risques d’érosion dans les zones contiguës. Cette érosion a un coût économique direct (ex. nettoyage des cours d’eau, augmentation des coûts dans les stations d’épuration de l’eau) et indirect (ex. l’augmentation de la turbidité de l’eau a des conséquences négatives sur l’habitat et la présence d’espèces fauniques ce qui entraîne ensuite une baisse de l’attrait touristique du territoire). 
  • Un développement urbain substituant les surfaces naturelles perméables à des surfaces imperméables risque d’augmenter la quantité et la vitesse de l’eau qui ruissellera vers les lacs et rivières. Ceci peut donner lieu à une montée des eaux des lacs et rivières plus rapides pouvant conduire à son tour à des crues subites et inondations, notamment en aval. 

Constat à l’origine de cette recommandation:

  • Certains écosystèmes du territoire, selon leur position spatiale, peuvent avoir une valeur plus importante que le même écosystème situé ailleurs. Avec les données géomatiques produites, notamment pour les services de contrôle de l’érosion et de polluants, il est possible d’évaluer spatialement si le développement urbain futur se localise dans une zone d’importance pour les services écosystémiques de régulation mentionnés.

Dans le même ordre d’idées :

  • Favoriser la protection ou la restauration des zones tampons le long des milieux aquatiques comme des bandes riveraines de qualité, c’est-à-dire fortement végétalisées et d’une largeur convenable. Il en va de même pour les forêts et milieux humides situés entre des pistes de ski et des milieux aquatiques. Ces actions limiteraient le transfert de polluants et de sédiments vers les cours d’eau. 
  • La mise en place de haies brise-vent et de cultures de couverture en milieu agricole est également préconisée pour réduire l’érosion éolienne et hydrique.
  • Limiter la conversion de milieux naturels en zones urbanisées surtout dans les secteurs en pente et assurer une couverture végétale (herbacée ou autre) pour minimiser la perte de sols. 

Constats à l’origine de cette recommandation:

  • Il est préférable de conserver les milieux humides présents plutôt que de créer de nouveaux milieux pour contrebalancer les pertes. Les milieux humides sont en effet régis par des processus biogéochimiques extrêmement lents et la création d’un nouveau milieu humide ne contrebalance pas la perte de certaines fonctions, comme le stock de carbone présent ou la biodiversité. 
  • La localisation des milieux humides est également importante puisque ces milieux offrent d’importants services de filtration de l’eau (utile en contexte agricole et urbain) et de refuges pour la biodiversité (habitat, nourriture). 

Constats à l’origine de cette recommandation:

  • Bien que certaines préoccupations associées aux milieux humides soient ressorties suite au sondage, un travail de sensibilisation semble nécessaire afin de mieux informer la population quant au rôle de ces milieux dans nos écosystèmes et à leurs grandes valeurs écologiques, économiques, sociale et culturelle.

Constats à l’origine de cette recommandation:

  • Une identification des corridors écologiques régionaux serait nécessaire, notamment dans la portion sud de la ZGIE, puisque les milieux naturels y sont déjà fragmentés par l’urbanisation et l’agriculture. L’identification de corridors écologiques permettrait en outre de mieux les intégrer lors de la planification territoriale et le cas échéant, de mettre en place des mesures d’atténuation afin de ne pas nuire à la circulation des espèces. 

La volonté à débourser

De plus, la Chaire de recherche du Canada en économie écologique (CRCEE) de l’Université du Québec en Outaouais, dirigée par Jérôme Dupras, a mené une étude à l’échelle de tous les bassins versants du Québec sur la disposition à payer des citoyens pour la conservation des milieux humides. 

À l’échelle de la zone de gestion d’Abrinord, les contribuables sont prêts à donner en moyenne :

  • 40 $/an pour la conservation des milieux humides (6,5 M$ pour toute la ZGIE);
  • 73,10 $/an pour le service de protection de la biodiversité spécifiquement (11,9 M$);
  • 66,34 $/an pour le service de maintien de la qualité de l’eau spécifiquement (10,8 M$);
  • 61,49 $/an pour le service de lutte aux changements climatiques (10 M$).

Le projet en vidéo

Des capsules vidéo ont été réalisées pour vous permettre de mieux comprendre comment la valeur de chaque type de service a pu être évaluée par la firme Habitat et ce que ces valeurs signifient plus concrètement.

Autres ressources

Régulation du climat (fiche-résumé)

Lutte contre l’érosion (fiche-résumé)

La volonté à donner pour la conservation (fiche-résumé)

Lutte contre la pollution des cours d’eau (fiche-résumé)

Carte interactive et données géomatiques

Présentation visuelle des résultats du projets (Prezi)

Rapport complet

Pour plus d’information sur la démarche, vous êtes invité à contacter Mme Cynthia Gagnière, coordonnatrice.

Partenaires du projet

Partenaires financiers

Ce projet est rendu possible grâce à une contribution du Programme de soutien régional aux enjeux de l’eau, lié au Plan d’action 2018-2023 de la Stratégie québécoise de l’eau, qui déploie des mesures concrètes pour protéger, utiliser et gérer l’eau et les milieux aquatiques de façon responsable, intégrée et durable.